par Pr. Bruni Brown, M.D.
pour le Blog Brun
# Journée mondiale des toilettes
« C’est le Deuxième Principe de la Thermodynamique:
Tôt ou tard, tout devient de la Merde. »
Woody Al., via Sally S., Maris et Femmes, 1992.
Merde!
Ah, vous êtes là… Me semblait que j’étais pas tout seul. Je veux bien croire qu’ils appellent ça des toilettes publiques, mais je m’attendais pas à voir autant de monde. Bonjour l’intimité! Avouez que c’est rien pour se concentrer… Ça peut même constiper!
Je comprends pas pourquoi c’est si tabou, la merde – « la marde! », comme jurait jadis ma mamie. D’autant qu’on en trouve partout, et pas qu’aux chiottes, non : à la radio, au resto, dans la rue ou les journaux… Tellement que j’ai moi aussi décidé de m’en partir un business! Mais ne brûlons pas d’étapes.
Chaud Devant!!
Derrière, en fait – enfin, c’est selon la position…
C’est un sujet chaud, la merde. Brûlant, même.
Mais contrairement à la croyance populaire, pas besoin d’être proctologue de profession pour s’y pencher. Ça nous constipe, nous concerne tous, aussi consternés que nous sommes. Voilà déjà bien un point commun sur lequel on se rejoint, se rassemble et se ressemble.
Perso, gastro-entérologue ou non, disons que j’ai pas juste remué la question. J’ai aussi bien creusé le sujet, quoi – à deux mains mes amis, et à fond mon colon! À propos, non, la Coprologie n’est ni une maladie, ni une région réputée, ni une galaxie reculée, mais bien une Science pure et appliquée en soi. Rien de bien ragoûtant, j’en conviens.
Avouons qu’un seul excrément est déjà plus éloquent qu’élégant… L’étron en dit long. Parce que ça fourmille de vie là-dedans, mes amis – et au moins autant que dans notre sang!
Fascinant, tout de même. Pendant que ma femme, géniale gynéco, fait dans le foetal, moi j’ai plutôt préféré passer « du côté obscur de la force » – le fécal! C’est plutôt le contraire qui serait surprenant. Chacun son champs d’épuration, de spécialisation, dis-je. Mais bon, on n’est pas à une contraction, pardon, une contradiction, non, une constipation près!!
Belle Besogne
Normal, on passe littéralement notre vie sur la bol – six mois au total! Autant en profiter. D’une pierre deux coups, je pourrai ainsi vider mon sac et mes intestins. Rien qu’à imaginer la gueule du patron, ça me fait déjà tout l’effet d’un laxatif.
Là on est sur un contrat juteux avec le gouvernement. J’peux pas trop en parler : c’est un « secret des tas. » Tout ce que je peux dire, c’est qu’ils sont en mauvaise posture pour négocier serré… Pareil comme moi, ha! Après trois heures de blabla, « j’avais le feu au cul! » comme disait jadis mon ami fakir malchanceux. Tout ce que je voyais, c’était une trollée d’étrons qui déparlaient. Moi, j’avais rien qu’une obsession: évacuer au PC.
C’est chiant longtemps! Mais j’ai vu pire. J’arrive d’un meeting… Une « rencontre au sommet » comme disent les boss. Sûrement parce que d’en haut, ils peuvent mieux se lâcher lousse sur ceux d’en-dessous. « Great » mind stink alike, comme on dit.
Malheureusement, c’est McManus qui run le show. Le genre de fendant qui pète de la broue plus haut que le trou. Pis y beurre épais pas à peu près. Il est tellement bon que je suis certain qu’y peut parler des deux bouttes! D’ailleurs, y confond souvent les deux…
Ça devait faire une grosse heure que Môssieu se pétait les bretelles, quand le Ministre s’est carrément baissé les culottes : « Oui mais là vous m’enculez au pied du mur » qu’il a marmonné dans son accent saxon. Ça les a tous bien fait rire… jaune.
Du coup, j’en ai profité pour m’éclipser aux toilettes. Il commençait à être temps… Je voyais brun!
Le Grand Voyage
Depuis ce matin que je me retiens. Il suffit d’un café de trop, pis c’est cuit jusqu’au bureau. Naturellement, si par miracle vous croisez une toilette en chemin, vous pouvez être certain qu’elle est soit réservée, occupée… ou en train de déborder. C’est pour ça que le monde est si pressés! Ça marche au pas de course les fesses serrées… Ils sont pognés pour prendre leur marde en patience – avant, pendant, pis après le métro.
Parce que le métro, c’est pas comme l’autocar. Là au moins, y a des « toilettes. » C’est sûr c’est sombre, c’est sale, ça brasse. Tu te fais arroser le fessier, pis la face avec… Mais bon, « à chiasse donnée, tu regardes pas la bol » comme on dit!
Le mieux, c’est encore l’avion! Rien que pour les toilettes, ça vaut la peine de voyager. C’est un peu étroit, mais c’est tellement propre que je mange carrément sur la bol. Comme ça, après le repas, t’as pas à faire la queue jusque dans le cockpit. Pis c’est encore plus confo qu’en classe économique! Même pas besoin de discuter avec l’envie de chier d’à côté. La pa(ix)! Je me prends un bon bouquin pis j’suis bon pour des heures…
Au point qu’à mon retour du Ca-canada l’hiver dernier, j’ai atterri à Paris! J’étais tellement absorbé, que j’ai raté mon transit à Montréal! Tant qu’à être au pays de la gastronomie, je me suis fais plaisir.
Mais s’il y a un resto au mètre carré, il n’y a pas une chiotte à l’horizon. À croire qu’ils font ça n’importe où. Eh ben oui! À Paris, ils engagent des hommes-aspirateurs pour ramasser la marde des autres — et pas seulement celle des chiens de compagnie…
Moi, après une livre de cheese, deux litres de vin, pis trois mètres de pain-baguette, j’avais le motton… Fait que quand j’ai croisé un de leurs préposé hygiénique, je lui ai dit de ne pas trop s’éloigner… Moi, ça faisait mon affaire. J’ai toujours aimé me lâcher lousse en plein air. Y’a rien de plus naturel!
De l’Air!
J’envie d’ailleurs les animaux… Ils font ça partout. Il paraît que c’est pour délimiter leur territoire. Faut juste rester prudent pour pas tomber dans plates-bandes d’un ours brun. Ça coupe l’envie assez raide, je vous le confirme.
Ben non! Au lieu de ça, on est parqué entre quatre murs comme en prison. Nos toilettes publiques, c’est un peu comme des cellules d’isolement… Certes, tu peux toujours t’enfuir par-dessus-ou-en-dessous, vu que les panneaux se rendent ni jusqu’au plancher, ni jusqu’au plafond — sans doute là l’idée géniale d’un designer radin ET vicieux. Mais je vous défie d’interrompre trop tôt la purée…
Personnellement, je préfère les toilettes pour handicapés. C’est déjà plus spacieux, et puis il y a de la pogne pour s’agripper en cas de pépin… Et si l’infirme s’impatiente de l’autre côté de la porte, c’est bien certain que vous risquez rien, hein!
Même là, les toilettes publiques, ça manque d’ambiance. Si au moins il y avait de la musique, avec des chute d’eau, des chant d’oiseau… Au pire qu’ils mettent la radio pour brûler les succès commerciaux comme Lady Caca… Ça servirait enfin à de quoi. Mais non. Vous voilà pogné, pris, pire, coincé pour écouter le voisin forcer des deux bouts…
By the way: ça sert à rien de vous racler la gorge pis de tousser. On entend toute pareil. Pis c’est loin d’être mélodieux… Ils pourraient passer un bon film d’horreur dans le tapis que ça ferait pareil.
Mais non! Les seuls qui ont allumé, c’est les publicitaires. Les toilettes publiques, c’est des vraies bandes de F1, LNH et assimilées; bourrées de publicités. Ils essaient de nous faire avaler la même merde qu’on est en train d’évacuer. On comprend le pourquoi des graffitis… Quoique comprendre, faut le dire vite, vu que c’est généralement incompréhensible.
Dick was here.
Traduisez: « Richard était las. » Il a même pris la peine d’écrire LA date! C’est sûr ça va passer aux annales.
Suzie suce.
Ouh! Un vrai p’tit poète qui pète au fret! Il aurait quand même pu se forcer, je sais pas: « Suzie suce, certes, ça c’est super, mais c’est pas assez… si seulement elle savait aussi bien faire à souper ce serait sensationnel! » Pis c’est qui cette Suzie là! Ils laissent parfois un numéro, mais c’est toujours un faux. Je le sais, j’ai assez essayé!
Sinon, l’homophobie est bien en vogue : « Phil le fif. » « J’haïs les tapettes! » « Fags go home! » Où tu veux qu’ils aillent? Ils sont partout! Non, c’est loin d’être gai…
Anyway! Au lieu de chier sur les murs, y devraient se concentrer sur d’autre chose!C’est sûrement comme ça que Marcel Prou(s)t a pondu son chef d’oeuvre.
À la Recherche du Temps perdu
En tout cas, moi, j’ai pas une minute à perdre! Le temps, c’est de l’argent. C’est sûr que ça devient vite emmerdant sur la bol, mais c’est fou ce qu’on peut faire… surtout avec un agenda aussi chargé que les intestins. Qu’ils fassent la queue, de l’autre côté. L’anus est bien plus qu’un muscle. Au pire, à vous entendre râler, vous saurez bien prendre l’urinoir ou le lavabo.
Déjà, il y a bien les junkees qui profitent d’un détour aux toilettes publiques pour faire le plein, seringue en main. Et puis les hippies aussi, pour faire le vide, d’un coup de reins. Les profs pour décompresser, les ados pour faire leurs « devoirs »… Heureusement qu’il y a la cloche, sinon on les reverrait juste à la graduation!
Même affaire au Ministère. Les toilettes publiques, c’est le repère préféré des fonctionnaires… Pour faire la sieste, bien sûr.
Non, il me semble qu’il y a forcément mieux à faire. Comme saisir l’occasion pour gazouiller, ou encore accoucher de sa chronique. Parce qu’on peut être aussi créatif que productif. Autant en profiter pour tricoter, répéter pour un audition, écrire un best seller…. Ou même mieux: méditer en lotus! Ça ouvre pas juste les chakras…
Mais de grâce, pas de téléphone cellulaire! Ça pourrait vous coûter cher… Un gars s’est d’ailleurs fait interrompre et attaqué en pleine besogne. Ça « empêche de se concentrer » que son voisin de cabinet s’est défendu. J’ignore s’il parlait de la crotte ou de la conversation de sa victime.
Quoiqu’avec toute la merde qui se raconte sur les ondes (wifi, radios, cellulaires, etc.), je comprends qu’on préfère encore presque celle qui se défèque. D’ailleurs, plusieurs confondent souvent les deux.
McManus, lui, il en profite pour expédier le travail par vidéo-conférence…Ça doit puer des deux côtés de l’écran… Dégoûtant! Moi j’aime mieux faire ça tout seul pis en silence… Contrairement à d’autre qui préfèrent y aller en gang pour bitcher, hein!
C’est vrai que les toilettes publiques, ça a tout d’un confessionnal! Manque juste un parloir pour se confier au premier-venu. Ils pourraient même ouvrir un cabinet de consultation privée, genre psychothérapie! « Si t’a une crotte sur le coeur, pas besoin d’en faire un tas…juste à en parler. » Un gars propre garde pas ça en dedans!
Non à trop y penser, je m’ennuie des bonnes vieilles toilettes turques: un trou, that’s it, that’s all. Pas de niaisage!
Bonjour l’Intimité!
On rit jaune, mais y a pire. Avec l’urinoir, là on touche le fond. C’est sûr c’est plus rapide, mais coincé entre deux inconnus, ça coupe l’envie. Au début, tu sais pas trop où regarder : En bas pour t’assurer qu’est toujours là; en haut comme si t’avais rien vu. Moi, j’ai toujours aimé jouer des tours. Ça détend l’atmosphère. Je fais semblant de l’avoir perdue, ou je m’étire discrètement pour comparer. Non, dans ces moments-là, tant qu’à voir la tête du voisin, je préfère encore les pieds.
Parce que c’est tout ce que tu vois du voisin assis sur la bol d’à côté. Deux pieds! Pis ça donne juste envie de lever la patte… Non mais avouez qu’on est mal chaussé! À croire qu’ils sont tous cordonniers. En passant, non! les sandales, ça fait ne pas à tout le monde – au pif comme à l’oeil.
Quand c’est rendu que ça pue autant les pieds que la purée… Chausse-toi donc comme du monde! D’ailleurs qu’est-ce qu’ils font avec des souliers de course ou des bottes de marche quand ils passent leur journée assis sur leur cul?
Les plus drôles, c’est les bottes de cowboy. J’espère qu’il est bien en selle… parce qu’il va trouver ça glissant en passant devant l’urinoir… sinon en sortant sur le ciment — surtout cet hiver! J’ai jamais osé vérifier s’il portait le chapeau assorti… On ne sait jamais; il pourrait être armé et ouvrir le feu!
D’ailleurs on dirait qu’il a amené l’écurie au grand complet avec lui… M…mm…mmm! Personnellement, j’aime mieux l’entendre que le sentir…
Je sais pas pour vous, mais moi je m’ennuie en estie des bécosses. C’est pour ça qu’on les installaient dehors à cinquante mètres de la maison… dans le sens contraire du vent. Mais non. Au lieu de ça, on est pogné en dedans. Ils auraient pu au moins brûler un encens… « Moési par en-dedans… » Oui, oui, Willy! Moéssie « J’te sens moési! » On dirait…
Comme une Odeur de Musc
Ou même de mort. Ça prendrait des scellées!
Non mais quand t’es capable de deviner le dernier repas du voisin, ça te coupe pas juste l’envie… mais l’appétit aussi! « Dis-moi ce que tu manges je te dirai qui tu es… » Eh bien laisse-moi te dire que ça ment jamais – pis que ça sent mauvais pas à peu près!
Pas étonnant avec ce qu’on nous sert à « manger. » S’il y a autant de gras dans nos assiettes, c’est pour que ça passe mieux aux toilettes. Mais on est tellement pressé qu’on avale tout rond! Forcément, ça fait des bouchons.
Aux Tas-Unis, il y a même des états où le port du siphon est rendu obligatoire. Pis c’est pas juste pour les toilette… Ils n’arrivent plus à fournir : un obèse sur quatre, ça fait cent millions! C’est pas d’une job de body qu’ils ont besoin, c’est d’un entretien régulier. La vidange d’huiles usées pour un humain sur deux pattes, c’est pas au cinq mille kilomètres comme sur ton 4X4!
C’est vrai qu’ils aiment bien manger, les américains. C’est même rendu un sport national, le gavage de connard. Pour fêter l’Indépendance, ils sont deux millions à regarder le concours de goinfres à hot-dog sur ESPN! L’an dernier, le gagnant en a avalé soixante-huit… en dix minutes! À ce rythme là, si ça ne ressort pas dans le même état, ils pourraient s’affronter pour le record de la plus longue crotte, ou du plus gros tas.
C’est qu’on y revient toujours, aux toilettes – privées, publiques, ou pas. Parce que chier, c’est comme voter : non seulement faut y aller, mais on ne sait jamais ce qui va en sortir. Eux non plus, d’ailleurs : ils sont dans le noir total! Pas étonnant qu’ils manquent de vision, nos « polis-p’tis-chiens. » Le nez collé sur la crotte, ça empêche de voir le tas!
Mon ami Pierre, paix à son âme de patriote, disait que « les pieds dans la marde, ça remet les idées en place. » Eh bien, à voir leurs copains comme cochons, j’en connais quelques-uns qui auraient besoin d’un bon bain… dans le bassin à purin!
Le Bon Filon
Ouin! Faudrait ben que j’y retourne si on veut signer l’entente. C’est les écocolos qui vont être content. « Donnez-nous quelque chose qui dure! » qu’ils disaient. Eh bien, ils vont être servis! Finit le gaspillage! Les patrons virent au vert! Tant qu’il y a une piastre à faire! S’il y en a qui vendent de la marde, eh bien tant qu’à rentabiliser, nous autres ont va valoriser la vôtre.
Des vrais pionniers! On tient un bon filon, je le sens. Ça pue le fric à plein nez… Et puis il faut bien financer la recherche. L’étude de la merde est une science, une cause orpheline.
Ah! et puis à ce stade-ci, je nous sens assez confiants pour vous faire la confidence – ciel, certes. Vous devinez les deal? Allez… Non? Bon. De la marde! On va récupérer la nôtre pour chauffer le pays – les maisons, les ministères…
Les Touaregs du Sahara se réchauffent la nuit grâce au crottin séché de leurs chameaux! Eh bien on va faire pareil, mais avec celles de nos concitoyens, pis à grande échelle mes amis! Industrielle! Hydro-Québec peut bien aller se rhabiller et reboiser au PC.
Je vous le dis : on est assis sur une vraie mine d’or!
Noir, certes, mais d’or.
Poussée du Jour
Privilégier le pied, pour « tirer la chasse » d’eau, vous y avez pensé?
Et vous, comment faites-vous? Bienvenue aux commentaires — constructifs.
Mateo — 100% pour le pied.
Richard — avec ma graine!
Benoêt — Zut, ma prothèse s’est coincée…
McVain — je flushe juste pu
Mes Compliments
En Guise de Complément, voici votre Lecture hebdo de Chevet, ou de Cabinet.
Eros Brun : Pour en Finir avec la Merde,
Denis Aubin, Editions de la Folie furieuse, 1980.